Discours pour l’Assemblée générale annuelle de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba

Winnipeg (Manitoba) -
Raymond Théberge - Commissaire aux langues officielles

Seul le texte prononcé fait foi


Bonsoir.

C’est avec grand plaisir que je me joins à vous à l’occasion de la 27e Assemblée générale annuelle de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba. J’aimerais saluer Ivan Normandeau et Justin Johnson qui ont organisé cet important rassemblement, et vous, les représentants de nos municipalités qui ont à cœur nos langues officielles.

J’aimerais souligner que nous sommes rassemblés sur le territoire du Traité no 1, soit le territoire traditionnel des peuples anishinabé, cri, oji-cri, dakota et déné, ainsi que de la patrie des Métis de la Rivière-Rouge. Je crois fermement que les langues autochtones doivent être valorisées et protégées dans le cadre de la réconciliation entre nations au Manitoba, et qu’elles sont en tout point complémentaires au français et à l’anglais.

On dit souvent que les gouvernements municipaux sont des institutions de proximité, près des gens au quotidien. C’est bien vrai, et encore plus depuis la pandémie. Le contexte actuel a contribué à redéfinir le rôle de nos municipalités et à recadrer la fréquence et l’intensité de nos interactions avec elles.

Ayant passé mon enfance à Ste-Anne-des-Chênes, je sais tout comme vous que la vitalité linguistique et culturelle du Manitoba se joue d’abord et avant tout dans les rues de nos municipalités. La possibilité d’obtenir des services de celles-ci, d’être représenté et compris dans des rapports très personnels et engagés peut assurer la pérennité et la croissance d’une communauté linguistique. A contrario, l’absence de telles possibilités peut causer une érosion démographique rapide, minant notre diversité culturelle, nos services et, par le fait même, tout un pan de dynamisme économique dans notre province.

Il faut se le dire, les grands défis de notre époque se jouent principalement au niveau municipal : le renouvellement des infrastructures, la protection de l’environnement, l’offre de logements, la disponibilité de la main d’œuvre, l’accueil des immigrants, la satisfaction des besoins de la population par des services immédiats de qualité. Tout doit être repensé, avec nos langues officielles en tête.

Lorsque j’étais à la direction de la Société de la francophonie manitobaine dans les années 1980, nous avons travaillé sans relâche pour jeter les bases d’une nouvelle relation entre la province et sa minorité francophone. En rétrospective, les progrès réalisés depuis au sein des différentes associations, des instances gouvernementales et de la population, en faveur du fait français, sont absolument remarquables. D’ailleurs, notre dernier sondage national révèle que plus de trois personnes sur quatre appuient les langues officielles au Manitoba et en Saskatchewan.

La clé de notre succès, il y a 35 ans, a été de mettre en valeur la contribution de la francophonie manitobaine à la croissance économique et à la prospérité de la province. Cela a été possible grâce à la participation de nos municipalités qui étaient toujours aux premières loges du développement et de la promotion de nos communautés francophones.

Le même argument peut être avancé, bien que quelque peu adapté, pour l’époque dans laquelle nous nous trouvons. En cette période de pénurie de main-d’œuvre, alors que les communautés francophones perdent du terrain à l’échelle nationale, nous avons besoin d’un véritable plan ciblé et de politiques solides en matière d’immigration francophone. L’augmentation significative de la population francophone du Manitoba provenant d’ailleurs au Canada et de l’étranger, par l’intermédiaire de municipalités offrant une représentation et des services en français, contribuera grandement à attirer et à retenir des talents. En fait, l’AMBM a fait preuve d’un grand leadership sur plusieurs fronts en ce qui concerne les langues dans nos municipalités, et c’est important de le souligner!

Vous avez récemment lancé votre stratégie en immigration économique, et plusieurs des points qui y sont présentés s’alignent sur le Livre blanc sur l’immigration francophone de la Société de la francophonie manitobaine, de l’Accueil francophone et du Réseau en immigration francophone du Manitoba. La priorité que vous accordez à une approche linguistique inclusive est la voie à suivre pour les municipalités de partout au pays.

Je suis également heureux de constater que vous avez élaboré un modèle de maturité municipal pour la prestation de services dans les deux langues officielles, inspiré du projet similaire réalisé par mon Commissariat. Il s’agit là d’une belle synergie entre instances gouvernementales qui mérite d’être répétée.

En terminant, rappelons-nous que nos villes et nos langues officielles sont des partenaires naturels. Les municipalités sont sur la ligne de front de notre grand projet de diversité linguistique et de dynamisme économique.

J’ai pleinement confiance en votre leadership pour contribuer à relever les grands défis auxquels nous faisons face et bâtir la société manitobaine de demain, dans nos deux langues officielles.

Merci.