Archivé - Les indicateurs de vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire 3 : trois communautés francophones de l'Ouest canadien
Remerciements
Le Groupe de développement Consortia a réalisé la présente étude. Les travaux de recherche, de rédaction et de consultation auprès des communautés se sont poursuivis d'octobre 2008 à juin 2009.
Équipe de conseillers
- Michel Desjardins, président, Groupe de développement Consortia – gestionnaire du projet et chercheur principal
- Agathe Gaulin, experte conseil, Activa Solutions – chercheure principale
- Paule Doucet, présidente, Doucet associés inc. – chercheure principale
- Marc Johnson, président, SOCIUS recherche et conseils – conseiller
L'équipe de recherche tient à remercier toutes les personnes qui ont généreusement accepté de participer à cette étude. Nous tenons à remercier de façon particulière les membres des trois comités directeurs :
Comités directeurs
Colombie-Britannique
- Réal Roy, professeur de géographie, University of Victoria, et président de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique
- Stéphane Audet, directeur général sortant, Fédération des francophones de la Colombie-Britannique
- Yves Trudel, directeur général, Fédération des francophones de la Colombie-Britannique
- Christine Sotteau, coordonnatrice des relations gouvernementales et de la recherche, Fédération des francophones de la Colombie-Britannique
- France-Emmanuelle Joly, directrice, Réseau-Femmes Colombie-Britannique
Alberta
- François Giroux, agent de liaison gouvernementale, Association canadienne-française de l'Alberta
- Yvonne Hébert, professeure, Faculté d'éducation, University of Calgary
- Jean-Claude Jassak, conseiller, Canadian Minority Alberta Council
Saskatchewan
- Denis Desgagné, directeur général, Assemblée communautaire fransaskoise
- Joanne Perreault, directrice adjointe, Assemblée communautaire fransaskoise
- Josée Bourgoin, coordonnatrice, Interprétation et développement du terroir, Assemblée communautaire fransaskoise
- Éric Lefol, professionnel de recherche, Institut français, Université de Regina
Introduction
Depuis 2005, la Loi sur les langues officielles du Canada impose des responsabilités accrues aux institutions fédérales en matière de soutien à la vitalité des communautés de langue officielle. En vertu des modifications apportées à la partie VII de la Loi, ces institutions se doivent dorénavant d'adopter des mesures positives qui contribuent de façon concrète au développement des communautés et à la promotion de la dualité linguistique.
Ce renforcement à la Loi a incité le Commissariat aux langues officielles à étudier de plus près la question de la vitalité des communautés de langue officielle. Quels sont les principaux facteurs de cette vitalité? Comment les communautés peuvent-elles agir sur ces facteurs et mesurer les changements que ces mesures ont produits? Comment les institutions fédérales peuvent-elles contribuer à la vitalité des communautés de langue officielle et ainsi respecter leurs obligations en vertu de la partie VII de la Loi? Pourquoi est-il important pour les institutions fédérales d'appuyer l'évaluation communautaire de la vitalité? Voilà, en somme, les questions sur lesquelles a voulu se pencher le Commissariat.
Dans une étude rendue publique en 2006, intitulée Une vue plus claire : évaluer la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaireNote de bas de page 1, le Commissariat a constaté la diversité des connaissances relatives à la vitalité et à son évaluation. Cette étude a notamment fait état des nombreux enjeux auxquels sont confrontés les acteurs du développement communautaire en matière de recherche sur la vitalité.
Pour faire suite à ces constats et à ces recommandations, le Commissariat a lancé un projet pluriannuel de recherche-action, dont le but consiste à mieux saisir les aspects pratiques de l'évaluation de la vitalité communautaire. En 2006, il a mené une première phase en étudiant la vitalité de trois communautés francophones en milieu urbain, soit Winnipeg, Sudbury et Halifax. L'année suivante, il s'est penché sur trois communautés anglophones du Québec, celles de la ville de Québec, des Cantons-de-l'Est et de la Basse-Côte-Nord.
La troisième phase du projet de recherche-action, dont voici la présentation sommaire, a consisté à mener une étude sur la vitalité de communautés francophones de l'Ouest canadien, soit la Saskatchewan, l'Alberta et la Colombie-Britannique.
Cette troisième phase s'est déroulée à un moment où les communautés de langue officielle et les institutions publiques sont davantage averties et plus expérimentées en ce qui a trait aux enjeux et aux occasions de développement communautaire et de vitalité.
Toutefois, si le concept de vitalité communautaire a reçu une attention considérable depuis 2005, il reste passablement vague dans son sens et ses usagesNote de bas de page 2. Dans son rapport annuel de 2006-2007, le commissaire aux langues officielles énonçait certains principes directeurs pour guider les efforts des institutions fédérales à contribuer à la vitalité communautaire et à promouvoir la dualité linguistique au sein de la société canadienne. Parmi ces principes, on trouve les suivants : la nécessité d'adopter une approche proactive et systémique ainsi qu'un traitement ciblé; une participation active des citoyens; et la mise en place d'un processus continu d'amélioration des programmes et des politiques en fonction de la partie VII. Néanmoins, près de cinq années après les modifications apportées à la partie VII de la Loi, certaines institutions fédérales s'interrogent toujours sur la définition de la vitalité communautaire et sur les mesures positives à adopter afin de contribuer à l'épanouissement des communautés de langue officielle.
1. Objectifs
Les objectifs de la troisième phase du projet de recherche-action étaient essentiellement les mêmes que ceux des deux phases précédentes, c'est-à-dire :
- dégager, au sein des communautés étudiées, les facteurs de réussite et les pratiques exemplaires quant à la vitalité;
- exprimer, à l'aide d'un modèle logique, les aspirations et les objectifs des communautés dans les secteurs d'activités communautaires étudiés;
- dégager, dans une optique évaluative, les indicateurs de types quantitatif et qualitatif qui peuvent servir à évaluer la vitalité des communautés de langue officielle selon les priorités qu'elles se sont données;
- offrir aux communautés de langue officielle des outils d'évaluation de leur vitalité pour mieux planifier leurs activités et leurs stratégies de développement;
- élaborer, pour chaque communauté étudiée, un rapport synthèse des acquis et des besoins dans les secteurs d'activités étudiés;
- informer les communautés et les gouvernements des avantages d'évaluer la vitalité des communautés de langue officielle à l'aide d'indicateurs reconnus.
2. Approche et méthodologie
Le Commissariat aux langues officielles a voulu mener cette étude dans un esprit de collaboration et de participation active. Voilà pourquoi il a pris soin de consulter des associations porte-parole des trois communautés francophones de l'Ouest avant même le démarrage de l'étude. Ces dernières ont ainsi eu l'occasion de prendre connaissance des orientations et des modalités du projet de recherche et de les commenter.
2.1. Comités directeurs
Avec l'appui des associations porte-parole, le Commissariat aux langues officielles a constitué, dès le début de l'étude, un comité directeur dans chacune des provinces. Ces comités, composés de chefs de file du milieu associatif, ont été chargés d'orienter et d'appuyer le travail des consultants. Ils ont, dans un premier temps, été appelés à sélectionner les communautés sur lesquelles porterait l'étude. Ils ont ensuite établi des secteurs d'activités du développement communautaire qu'ils jugeaient prioritaires.
La constitution de trois comités directeurs et la portée de leurs responsabilités comptent parmi les particularités de cette phase du projet de recherche-action. En choisissant une telle approche, le Commissariat a voulu reconnaître la spécificité des communautés et leur accorder une plus grande flexibilité dans la réalisation d'une recherche pratique sur la vitalité.
2.2. Communautés et secteurs prioritaires étudiés
Bien que les francophones soient présents dans l'ensemble du territoire de la Colombie-Britannique, de l'Alberta et de la Saskatchewan, ils ne représentent cependant qu'une faible proportion de la population. Chaque communauté francophone au sein de ce vaste territoire compose également avec des enjeux qui lui sont propresNote de bas de page 3. Il n'a donc pas été surprenant de constater passablement de différences dans la façon dont les comités directeurs ont choisi d'orienter le projet dans leur province respective.
2.2.1. Colombie-Britannique
En Colombie-Britannique, afin d'être représentatif des diverses petites communautés francophones réparties à travers la province, le choix du comité directeur s'est arrêté sur la communauté francophone de la Colombie-Britannique dans son ensemble. Dans cette province, on constate qu'en 2006 environ 53 060 personnes (soit 1,4 p. 100 de la population) ont le français comme première langue officielle parlée.
Dans cette province, les secteurs d'activités prioritaires choisis pour cette étude sont : la gouvernance communautaire, l'immigration et la migration, la participation et l'appartenance communautaire.
2.2.2. Alberta
En Alberta, le comité directeur a sélectionné la communauté francophone de Calgary pour l'étude. Dans cette communauté urbaine, la population qui déclare avoir le français comme première langue officielle parlée en 2006 se dénombre à 16 235 personnes, soit 1,5 p. 100 de la population totale de Calgary.
Les secteurs d'activités prioritaires sélectionnés pour la région de Calgary sont : la gouvernance communautaire, la visibilité et la diversité, la communication et les services gouvernementaux.
2.2.3. Saskatchewan
En Saskatchewan, il a été convenu d'orienter le projet de recherche sur une région rurale, soit la grande région regroupant Duck Lake, St-Louis, Domremy, Hoey et St. Isidore-de-Bellevue. En 2006, environ 550 personnes disaient avoir le français comme langue maternelle dans cette région, soit 21 p. 100 de la population totale.
La région fait actuellement l'objet d'une initiative globale de développement intitulée Projet du terroir. Dans le but d'adapter le plus possible l'étude du Commissariat à la réalité rurale en Saskatchewan, le comité directeur a donc souhaité ancrer cette recherche au Projet du terroir. Bien qu'il n'ait pas établi de secteurs prioritaires à proprement parler, la discussion en Saskatchewan a gravité autour de quatre grands thèmes : l'économie collaborative, l'identité et le sens d'appartenance, la démographie et la migration ainsi que le dialogue interculturel.
2.3. Formation des groupes de travail
En collaboration avec les membres des comités directeurs, un groupe de travail de 15 à 25 chefs de file et intervenants communautaires clés a été formé dans chacune des trois communautés. Les participants à ces groupes de travail ont été choisis pour leur expertise et leurs connaissances dans un ou plusieurs secteurs d'activités prioritaires, et leur travail a permis d'alimenter le contenu des rapports d'étude.
Les groupes de travail se sont rencontrés à deux reprises à l'hiver 2009. Lors de la première rencontre, on a initié les participants au projet et on les a invités à se réunir en ateliers afin de formuler pour chaque secteur des résultats visés. Ils ont ensuite travaillé à l'élaboration d'une ébauche de modèle logique, et on leur a demandé de fournir des opinions sur des pratiques exemplaires dans leur communauté.
Lors de la deuxième rencontre, les participants ont d'abord revu et mis au point les modèles logiques. Ils ont ensuite choisi des indicateurs appropriés pour mesurer l'atteinte des résultats et ont proposé des occasions d'intégrer ces modèles dans le développement de la communauté.
3. Constats et conclusions
La présente étude a cherché à recueillir de façon systématique des renseignements sur trois communautés fort différentes, tant par leur portée que par les enjeux auxquels elles sont confrontées. Malgré ces différences, il est possible de tirer quelques conclusions générales sur l'expérience des communautés francophones de l'Ouest canadien.
3.1. Processus de l'étude
L'étude a d'abord servi à mobiliser les communautés autour de préoccupations ou de thèmes qui leur sont propres. Dans chaque cas, les rencontres ont permis aux intervenants de mieux se connaître, de réfléchir et de s'entendre sur les résultats visés qui mèneront à une plus grande vitalité communautaire.
L'étude a permis de dresser un portrait des priorités et des activités que les communautés désirent mettre en place en vue d'atteindre des résultats concrets. Il appartient toutefois à chaque communauté de mettre en œuvre son plan de développement et de revoir périodiquement les priorités établies dans ce rapport en fonction du temps et des conjonctures. Cela dit, la méthodologie et les outils déployés dans le cadre de l'étude pourront servir lorsque le temps sera venu d'évaluer l'atteinte des résultats visés et d'ajuster, au besoin, les priorités.
Le cadre conceptuel de l'étude, fondé sur la gestion axée sur les résultats, s'est avéré une charpente théorique robuste et efficace pour rassembler et organiser les éléments d'information et donner un sens à l'exercice. Les communautés francophones de l'Ouest canadien ont compris et accepté d'emblée le cadre conceptuel proposé. Il s'agit sans doute d'un facteur ayant contribué au succès du projet.
L'étude a aussi permis de dégager des indicateurs de types quantitatif et qualitatif pour les communautés. Chacune dispose ainsi d'outils de base pour évaluer sa vitalité en fonction des résultats souhaités et pour faire face aux exigences de ses partenaires en matière de reddition de comptes. Cela dit, les communautés auront sans doute besoin d'appui pour renforcer leurs capacités d'évaluation, tant au plan financier que des ressources humaines et matérielles.
3.2. Points de convergence
L'étude a permis de mettre en lumière au moins trois réalités ou sources de préoccupations communes aux communautés francophones de l'Ouest canadien à l'étude.
3.2.1. Mobilité des personnes
La première touche la mobilité des personnes. Dans le cas des communautés francophones de la Colombie-Britannique et de Calgary, l'enjeu concerne principalement l'arrivée de nouveaux francophones et leur intégration aux communautés existantes. Dans ces collectivités, les organismes communautaires se soucient de la question de la diversité et de l'importance de promouvoir le français comme source de patrimoine culturel commun. Elles cherchent aussi à développer leurs capacités et à accroître la collaboration entre les organismes afin d'accueillir, d'intégrer et de retenir de nouveaux arrivants francophones. Dans le cas de la Saskatchewan rurale, on cherche surtout à freiner, voire à renverser, l'exode. Dans cette province, la communauté a surtout réfléchi aux façons d'inciter les jeunes à demeurer dans la région et à favoriser l'arrivée de nouvelles familles et de nouveaux habitants francophones.
3.2.2. Communications
Deuxièmement, chaque groupe de discussion a fait valoir l'importance des communications. Bien que l'appellation ait pu varier – il a notamment été question de promotion, de visibilité, de marketing et de séduction –, les communautés francophones de l'Ouest canadien se soucient de leur image. Elles veulent être connues et reconnues de l'ensemble de la population et, plus particulièrement, de la majorité anglophone, mais aussi, dans certains cas, des communautés autochtones. Elles veulent également rehausser leur visibilité auprès des institutions fédérales, provinciales et municipales, en sensibilisant les décideurs publics à leurs défis et réalités propres. De plus, elles accordent une grande importance aux communications internes comme moyen d'accroître les échanges entre francophones de la communauté, contribuant ainsi à la création d'un espace francophone commun.
3.2.3. Gouvernance
Enfin, le thème de la gouvernance a été abordé sous différents angles. Chaque communauté souhaite vivement que ses membres maintiennent une compréhension commune des grands objectifs communautaires. Pour ce faire, chacune considère important de mettre en place des mécanismes de dialogue et de concertation pour favoriser une plus grande collaboration entre les différents acteurs et regroupements de la communauté francophone.
Selon les acteurs des communautés étudiées, le maintien et le renforcement des structures de gouvernance, que ce soit par le recrutement et la rétention de personnes qualifiées, par des activités de formation, par le transfert des connaissances ou par une représentativité accrue de la composition diverse de ces communautés, conduiront à une plus grande cohésion communautaire.
3.3. Autres points saillants de l'étude
L'étude a fait ressortir d'autres points saillants qui méritent qu'on s'y attarde.
3.3.1. Espaces de vie francophones
Pour les communautés francophones de la Colombie-Britannique et de Calgary, la vitalité communautaire passe inévitablement par un plus grand nombre d'espaces de vie francophones. Les francophones étant si peu nombreux et dispersés sur de si vastes territoires, ils cherchent par tous les moyens à créer des centres de gravité pour faciliter le rapprochement physique et la cohésion communautaire.
Ces communautés voient d'un bon oeil l'établissement de centres multifonctionnels pour héberger les agences, les organismes et les travailleurs francophones, pour accueillir des nouveaux arrivants et pour offrir des services de guichet unique.
3.3.2. Légitimité politique et reconnaissance des droits linguistiques comme sources déterminantes de vitalité communautaire
On peut aussi affirmer que les communautés francophones de l'Ouest, notamment en Alberta et en Saskatchewan, constatent un certain progrès quant à la légitimité politique et la reconnaissance des droits linguistiques comme sources déterminantes de vitalité communautaire. C'est sans doute ce qui explique l'appui consenti par les communautés à la cause de Gilles Caron, en Alberta. L'objectif de cette cause est de démontrer que les droits linguistiques garantis aux habitants de la Terre de Rupert se sont vu accorder un statut constitutionnel avant l'entrée de ce territoire dans la Confédération canadienne, qu'ils sont toujours en vigueur et doivent être respectés. Cette cause pourrait modifier l'interprétation de l'histoire en Alberta et en Saskatchewan. Elle pourrait confirmer la constitutionnalité du statut et de l'usage du français dans ces provinces et déclencher un train de mesures destinées à renforcer la vitalité des communautés francophones.
3.3.3. Défis particuliers d'une communauté francophone en milieu rural
Finalement, l'étude a permis de mettre en relief les enjeux et les défis particuliers d'une communauté francophone en milieu rural. Les francophones vivant en milieu rural en Saskatchewan sont aux prises avec l'exode vers les centres urbains, le vieillissement de la population et la diminution du nombre de petits producteurs et transformateurs agricoles. En réponse, la communauté a choisi de miser sur son terroirNote de bas de page 4, c'est-à-dire sur ses traits culturels distinctifs, son savoir-faire et ses produits uniques, tels que les produits du bison, la moutarde de Gravelbourg, les pois de Bellevue, le blé Red Fife, les baies Saskatoon, le riz sauvage du Nord de la Saskatchewan et bien d'autres. Ainsi, pour la communauté rurale francophone de la Saskatchewan, la vitalité communautaire et le renforcement identitaire sont des notions indissociables. La culture et le patrimoine sont pour cette communauté à la fois la source et la finalité de la vitalité.
3.4. Pistes d'avenir
3.4.1. Communautés
Pour les communautés de langue officielle de l'Ouest canadien qui souhaitent poursuivre la démarche d'évaluation de la vitalité en fonction des priorités qu'elles ont cernées, la prochaine étape consiste à établir un plan d'action pour la mise en œuvre des modèles logiques.
Cette étape suppose de revoir chacun des extrants et de définir les modalités d'exécution, c'est-à-dire les pôles de responsabilité, les échéanciers et les ressources nécessaires. Le tableau suivant présente un gabarit partiel d'un tel plan d'action.
Produit ou service | Entité responsable | Échéancier | Ressources |
---|---|---|---|
Extrant 1 | Organisation, comité, individu | Date |
|
Extrant 2 | Organisation, comité, individu | Date |
|
Les communautés auraient aussi avantage à préparer un plan d'évaluation qui servira à déterminer les outils et les processus nécessaires pour mesurer le progrès vers une plus grande vitalité communautaire. Rappelons que les études communautaires ont établi les résultats souhaités, les indicateurs de types quantitatif et qualitatif et les sources possibles de données. Il faut maintenant décider qui collectera ces données; à quelle fréquence; et qui les analysera? Voilà, en somme, le contenu du plan d'évaluation.
L'évaluation sera une étape cruciale pour les communautés. Elle devra être conçue pour fournir des renseignements autant aux chefs de file communautaires qu'aux institutions publiques qui consentent des contributions et des subventions aux organismes de la communauté. Elle pourrait appuyer la reddition de comptes et contribuer à démontrer comment les investissements publics aident la communauté à progresser vers une plus grande vitalité. Comme nous l'avons affirmé précédemment, les communautés auront sans doute besoin d'appui technique au cours des prochaines étapes. Bien qu'elles possèdent certaines connaissances du domaine de l'évaluation, les communautés manquent généralement de ressources en matière de recherche communautaire.
Le vif intérêt manifesté par les chefs de file et les intervenants clés des communautés tout au long du projet de recherche nous permet de croire qu'ils voient dans l'évaluation de la vitalité communautaire une possibilité de renforcement de leur position vis-à-vis des bailleurs de fonds.
3.4.2. Institutions fédérales
Pour les institutions fédérales, qui sont tenues de prendre des mesures positives pour appuyer le développement des communautés de langue officielle, cette étude vient enrichir les connaissances en matière de vitalité. Elle nous instruit sur la complexité de la réalité communautaire des francophones de l'Ouest et démontre à quel point ces communautés, tout en partageant certaines similarités, sont très différentes les unes des autres. Dans ce contexte, prendre des mesures positives suppose donc le fait de s'attarder aux particularités de chacune des communautés et d'adopter des solutions sur mesure en fonction des besoins définis.
Cette étude a aussi raffermi l'idée que la vitalité communautaire est tributaire d'un ensemble de facteurs : économiques, sociaux, juridiques, culturels et plusieurs autres. Pour agir de façon cohérente dans un cadre aussi complexe, les institutions fédérales doivent agir de concert. Le travail en silo doit céder la place à une plus grande collaboration interministérielle et à l'établissement d'une collaboration fructueuse et continue avec les communautés.
Enfin, la méthodologie et les outils élaborés dans le cadre de cette étude fournissent aux institutions fédérales de bonnes pistes en matière de reddition de comptes. Ces dernières pourront mieux interpréter l'incidence des fonds consentis aux communautés et suivre de façon plus objective leur évolution. Elles pourront également se servir de ces outils pour travailler de façon conjointe avec les communautés à la détermination et à l'utilisation d'indicateurs et de mécanismes de reddition de comptes compris et acceptés de tous.
Notes de bas de page
- Note de bas de page 1
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Marc L. Johnson et Paule Doucet, Une vue plus claire : évaluer la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire, Ottawa, Commissariat aux langues officielles, 2006, version en ligne consultée le 30 octobre 2009.
- Note de bas de page 2
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Marc L. Johnson, « La vitalité évasive des communautés francophones en situation minoritaire », Thèmes canadiens / Canadian Issues, printemps 2008, p. 23-26.
- Note de bas de page 3
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Pour en connaître davantage sur les communautés francophones de l'Ouest, consulter les Profils des communautés francophones et acadienne du Canada, préparés par la Fédération des communautés francophones et acadienne et disponibles dans son site Web.
- Note de bas de page 4
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La définition suivante de « terroir » est le fruit d'un travail conjoint de l'Institut national de la recherche agronomique et de l'Institut National des Appellations d'Origine (appelé l'Institut national de l'origine et de la qualité depuis 2007). Elle a été présentée lors des rencontres internationales Planète terroirs de l'UNESCO, tenues en 2005, à Paris : « Un espace géographique délimité dans lequel une communauté humaine construit au cours de son histoire un ensemble de traits culturels distinctifs, de savoirs et de pratiques fondées sur un système d'interactions entre le milieu naturel et les facteurs humains. Les savoir-faire révèlent une originalité, confèrent une typicité et permettent une reconnaissance pour les produits ou services originaires de cet espace et donc pour les personnes qui y vivent. Les terroirs sont des espaces vivants et innovants qui ne peuvent être assimilés à la seule tradition ». (UNESCO. Un projet pour les terroirs du monde, dossier d'information pour la 34e Conférence générale de l'UNESCO, 16 octobre au 3 novembre 2007).