Étude d’analyse statistique de la cible de 4,4 % d’immigration d’expression française au sein des communautés francophones en situation minoritaire : Près de 20 ans après son adoption, il est temps de faire mieux et d’en faire plus (2021)
Le continuum d’immigration francophone
- Promotion du recrutement et recrutement de candidats à la résidence permanente
- Sélection et admission de résidents permanents d’expression française à l’extérieur du Québec (Point central de la cible de 4,4 % d’immigration d’expression française à l’extérieur du Québec et de notre étude)
- Rétention et intégration de résidents permanents d’expression française dans les communautés francophones en situation minoritaire
Pourquoi 4.4%?
La cible de 4,4 % d’immigration d’expression française correspondait et visait à maintenir le poids démographique de la population francophone à l’extérieur du Québec au Recensement de 2001. (Le poids démographique de la population d’expression française à l’extérieur du Québec était de 4,4 % au Recensement de 2001, en fonction de la langue maternelle et de la première langue officielle parlée).
Nota : Notre analyse statistique utilise la définition d’un immigrant d’expression française de 2006, car elle a servi de référence pour la surveillance et la production de rapports pendant la plus longue période (2006-2016).
Quels facteurs peuvent avoir une incidence sur le poids démographique?
- Immigration internationale
- Migration entre régions
- Taux de natalité et vieillissement de la population
- Transmission et utilisation de la langue entre et parmi les générations
Un facteur clé sur lequel le gouvernement peut avoir une influence significative
Le niveau et la composition de l’immigration selon la langue.
Atteinte de la cible de 4,4 % : Insuffisante pour maintenir le poids démographique
Notre principale constatation :
Même si la cible fédérale de 4,4 % d’immigration d’expression française avait été atteinte depuis l’échéance initiale de 2008, cela n’aurait pas suffi à maintenir le poids démographique de la population francophone en situation minoritaire à 4,4 %. Toutefois, elle aurait pu contribuer à réduire le déclin entre les recensements de 2001 et de 2016.
Tableau : Poids démographique de la population d’expression française (fondé sur la première langue officielle parlée) selon les recensements de 2001 et de 2016, et incidence estimée sur ce poids si la cible avait été atteinte en 2008, Canada à l’extérieur du Québec
- Poids démographique réel selon le Recensement de 2001 : 4,4 %
- Poids démographique réel selon le Recensement de 2016 : 3, 8 %
- Poids démographique estimé au Recensement de 2106 si l’objectif avait été atteint en 2008 : 4,0 %
Ligne du temps : La cible de 4,4 % d’immigration francophone
2001
- La population d’expression française à l’extérieur du Québec représente 4,4 % de la population canadienne à l’extérieur du Québec.
- La Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés est modifiée pour inclure le soutien et l’aide au développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire au Canada.
2003
- La cible de 4,4 % d’immigration d’expression française est adoptée avec un échéancier fixé à 2008 dans le Cadre stratégique pour favoriser l’immigration au sein des communautés francophones en situation minoritaire, élaboré conjointement par le gouvernement fédéral et ces communautés.
- Les immigrants d’expression française sont définis et mesurés pour la première fois comme étant ceux dont la langue maternelle est le français ou ceux ayant une connaissance du français seulement ou de l’anglais et du français. (Ceux dont la langue maternelle est le français ou une langue autre que l’anglais ou le français, mais qui ont une connaissance du français (c.-à-d. ayant déclaré avoir la capacité de communiquer en français seulement ou en anglais et en français). Cela tendait à surestimer le nombre de résidents permanents d’expression française admis.
2006
- Le Plan stratégique pour favoriser l’immigration au sein des communautés francophones en situation minoritaire, également élaboré conjointement par le gouvernement fédéral et les communautés, est publié. L’échéancier de la cible de 4,4 % d’immigration francophone est repoussé de 2008 à 2023.
- Les immigrants d’expression française sont maintenant définis et mesurés comme ceux dont la langue maternelle est le français ou ceux pour qui le français est la première langue officielle d’usage. (Ceux dont la langue maternelle est soit le français ou une langue autre que l’anglais ou le français, mais pour qui le français est la première langue officielle canadienne d’usage selon leur connaissance du français, c.-à-d. ayant déclaré avoir la capacité de communiquer en français seulement, excluant l’anglais et le français). Cela tendait à sous-estimer le nombre de résidents permanents d’expression française admis, mais a servi de référence pour le suivi et l’établissement de rapports pendant la plus longue période (2006-2016).
2016
- Les immigrants d’expression française sont maintenant définis et mesurés comme ceux pour qui le français est leur première langue officielle d’usage. (Ceux pour qui le français est leur première langue officielle canadienne d’usage :
- selon leur connaissance du français, c.-à-d. ayant déclaré avoir la capacité de communiquer en français seulement ou en anglais et en français;
- pour ceux qui ont la capacité de communiquer en anglais et en français, selon leur réponse du français comme leur première langue officielle canadienne d’usage, c.-à-d. en réponse à une nouvelle question sur la demande de résidence permanente concernant la langue officielle dans laquelle ils sont le plus à l’aise.
- Cette définition et cette mesure sont considérées comme produisant des données plus inclusives et plus précises. Cependant, les données ne sont disponibles qu’à partir de 2019.
2019
- En 2019, avant la pandémie de 2020, les résidents permanents d’expression française admis représentaient 2,1 % de tous les résidents permanents admis à l’extérieur du Québec, selon la définition et la mesure de 2006. En fonction de la définition et de la mesure de 2016, ce groupe représentait 2,7 % de tous les résidents permanents admis au Canada à l’extérieur du Québec.
Manque à gagner entre le nombre de résidents permanents d’expression française admis et le total nécessaire pour atteindre 4,4 % entre 2008 et 2020
- Nombre total de résidents permanents d’expression française admis à l’extérieur du Québec : 49 853
- Nombre total de résidents permanents d’expression française nécessaire pour atteindre 4,4 % d’immigration francophone à l’extérieur du Québec : 125 692
- Manque à gagner total de résidents permanents d’expression française à l’extérieur du Québec : 75 839
La voie à suivre : Vers une nouvelle cible d’immigration francophone plus élevée (2023)
- Adopter une nouvelle cible plus élevée, avec des résultats prévus à court, moyen et long terme.
- Établir des objectifs clairs fondés sur une analyse complète des facteurs qui influencent le poids démographique.
- Définir et créer les appuis à la réussite : des mesures de reddition de comptes, des stratégies, des outils et une politique d’immigration pour les communautés francophones en situation minoritaire.
Citation de Raymond Théberge, Commissaire aux Langues Officielles
« L’immigration francophone est essentielle pour assurer la pérennité des communautés francophones en situation minoritaire du Canada qui sont désireuses d’attirer, d’accueillir et de soutenir les nouveaux arrivants. Il est temps de faire mieux et d’en faire plus. Nous avons besoin d’un nouvel objectif clair et d’une cible d’immigration francophone plus élevée pour contribuer à assurer un avenir prospère pour ces communautés. »