Tandis qu’ils s’apprêtent à présenter les 17esRendez-vous du cinéma québécois et francophone de Vancouver, Régis Painchaud et Lorraine Fortin, les deux organisateurs du festival, ont bien voulu nous parler du chemin accompli jusqu’ici et des nouveaux défis à relever.
D’où est venue l’idée de mettre sur pied, à Vancouver, un festival du cinéma francophone?
Régis : Les Rendez-vous du cinéma québécois et francophone de Vancouver ont une histoire. Quand on m’a proposé de faire un volet des Rendez-Vous du cinéma québécois de Montréal, j’ai sauté sur l’occasion : pourquoi ne pas créer le même événement ici, à Vancouver?
Lorraine : Pour moi, ce festival devait avant tout offrir aux cinéphiles une programmation diverse, de grande qualité, et ce, en français. En fait, à chaque projection, les spectateurs redécouvrent un peu leur culture, et cela ouvre les portes de la francophonie.
Au fil des années, nous sommes aussi allés chercher du côté des anglophones, qui adorent le cinéma québécois. C’est à travers les films qu’ils apprennent à découvrir un peu l’âme québécoise, de Denis Arcand à Xavier Dolan. Nous sommes aussi allés voir du côté des coproductions canadiennes et étrangères. L’idée, c’était de présenter quelque chose qui nous était proche, tout en élargissant nos horizons d’une manière inclusive.
D’où provient votre passion pour la culture?
Régis : J’ai grandi au Québec, dans un milieu créatif ayant un souci de développer notre sens de liberté d’expression personnelle. Dans les années 1980, j’ai décidé de partir pour la côte Ouest. J’ai tout de suite, en arrivant, fait le tour des communautés francophones de Vancouver, seulement pour me rendre compte qu’elles vivaient plutôt isolées les unes des autres. Cette réalité fut, pour moi, comme un coup de fouet.
Selon moi, il n’y a aucune raison pour que nous n’ayons pas une « maison » qui nous ressemble et qui nous rassemble. Il est important que les francophones, surtout dans un milieu minoritaire, puissent avoir leur mot à dire et exprimer ce qu’ils ressentent. La création des Rendez-vous était donc une tentative d’aller puiser, dans le milieu culturel de Vancouver, les éléments qui pouvaient créer une base solide sur laquelle nous pourrions tous évoluer ensemble, francophones et francophiles de toutes provenances.
Lorraine : Je suis née à Saint-Jean-Port-Joli, au Québec. Un travail dans l’hôtellerie m’a ouvert les yeux sur le monde, et, pour moi, c’était là que ma vérité se trouvait : être en contact avec les gens, c’est comme cela que l’on se développe. Je suis partie du Québec en 1991, avec la détermination de vivre et de travailler en français.
Comment êtes-vous arrivés à mettre sur pied un festival aussi dynamique?

Régis : En effet, 17 ans pour un événement culturel, c’est quelque chose! Nos premiers collaborateurs furent l’Office national du film du Canada et la Cinémathèque du Pacifique, laquelle nous a offert sa salle de projection. Au cours de la première édition, plus de 500 invités ont assisté aux projections, gratuitement. La deuxième année, n’ayant pu nous permettre de telles largesses, car le public en redemandait, j’ai créé le Club des 100, c’est-à-dire, 100 personnes versant chacune une cotisation de 100 $ pour couvrir les frais. À partir de là, nous avons pu créer une société sans but lucratif pour assurer la pérennité de l'événement.
La création d'un partenariat avec les membres de la communauté francophone de Vancouver est un élément important du succès des Rendez-vous. Depuis un an, nous avons une nouvelle salle de projection, l’auditorium Jules-Verne, rattaché à l’école secondaire du même nom. Cela nous donne une infrastructure solide, qui nous permet de continuer nos projets et de servir la communauté. C’est une excellente nouvelle pour les Rendez-vous.
Pour ces 17es Rendez-vous, que nous réservez-vous?
Lorraine : Pour la 17e édition, en plus de présenter une cinquantaine de films, nous avons créé des rencontres centrées sur les films et les cinéastes. L’idée, c’est d’inviter le spectateur à mieux découvrir les multiples facettes de l’industrie du cinéma francophone.
Nous créons aussi des liens avec les étudiants en cinéma d'ici, à Vancouver. C’est la nouvelle génération de cinéastes qui s’apprête à prendre la relève, pour laquelle nous voulons faciliter les rencontres avec les professionnels. Nous voulons produire quelque chose de nouveau et de vivant. Nous espérons aussi créer une programmation qui se tient – et qui produit des résultats – tant pour le spectateur que pour les futurs professionnels. Nous sommes certains qu’à partir d’un événement comme celui-ci peut jaillir une évolution.
Quels sont les projets d’avenir?
Régis : La prochaine étape : une programmation de spectacles réalisée en collaboration avec la Ville de Vancouver, qui fête, en 2011, son 125e anniversaire. Les Rendez-vous du cinéma vont subir quelques transformations, dont la création du Open Screen, un écran où les gens pourront présenter leurs propres films, leurs projets. C’est une façon de saluer la vitalité du cinéma francophone réalisé par des gens d’ici.
Quel héritage espérez-vous laisser grâce au Rendez-vous?
Des cinéastes francophones en Colombie-Britannique?
Voici quelques exemples de films de cinéastes francophones de la côte Ouest présentés au Rendez-vous du cinéma québécois et francophone de Vancouver :
- Ben voyons, Camille! de Carole Ducharme
- À pas de géant de Florence Debeugny et de Lyndsey Hamilton
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L’œil de la baleine de Sylvie Peltier
Régis : Quelque chose s’est produit depuis le début de ce festival. Aujourd’hui, sur les tablettes de nos vidéothèques, le public trouve de plus en plus de films québécois, qui sont passés de la section « Films étrangers » à une vraie section canadienne. Il s’est développé une fierté de notre cinéma national.
Les Rendez-vous deviennent une plateforme qui facilite la création, rejoignant à la fois les francophones et les anglophones. Investissons dans notre cinéma, à l’intérieur de nos frontières, facilitons le rayonnement du cinéma francophone, partageons notre richesse culturelle. Un tel événement axé sur la promotion de la culture cinématographique francophone ne peut faire autrement que de stimuler la francophonie de Vancouver et d’ailleurs au Canada.