Au cours de notre histoire, l’adaptation des Canadiens aux deux langues officielles a contribué à leur faire comprendre que la diversité et la différence constituent des forces et non des faiblesses et, dans une certaine mesure, a favorisé une plus grande ouverture à l’égard d’autres cultures.
L’acceptation de notre dualité linguistique nous a permis d’apprendre à accueillir d’autres groupes et à nous percevoir en tant que membres d’une société diversifiée. La Loi constitutionnelle de 1867 prévoyait des protections spéciales pour le français et l’anglais, ainsi que pour les minorités religieuses catholiques et protestantes.
Cet esprit d’inclusion comportait toutefois des limites. En effet, le Canada a imposé des politiques sévères et racistes à l’endroit des Autochtones, des Asiatiques, des Allemands, des Italiens et des Canadiens de confession juive, ainsi que d’autres groupes. Ces politiques reposaient sur l’ignorance et la peur des différences culturelles. Les conséquences de ce racisme se font encore sentir aujourd’hui. Au fil du temps, cependant, la nécessité d’accommoder deux groupes linguistiques distincts a permis à de nombreux Canadiens de comprendre qu’il est effectivement possible – et avantageux – pour différents peuples de coexister dans la même communauté politique.
Après la Première Guerre mondiale, certains défenseurs des mesures d’accommodation pour les francophones et les anglophones ont commencé à s’interroger sur la manière dont la dualité linguistique a donné aux Canadiens un fondement leur permettant de respecter davantage toutes les cultures. « Autant le monde est meilleur pour son infinie diversité de caractère, autant l’est l’État pour sa diversité »[traduction]Note de bas de page 1, déclarait William Moore, un défenseur anglo-ontarien des droits de la minorité francophone en 1918.

En 1927, les célébrations du 60e anniversaire du Canada ont également souligné la dualité linguistique et la diversité plus large du pays. Le gouverneur général du Canada Freeman Thomas Willingdon a lancé les festivités à Ottawa en prononçant un discours bilingue pour célébrer le patrimoine français et britannique, l’arrivée d’une population immigrante diversifiée et la capacité des Canadiens à partager un dévouement commun pour leur terre natale ou d’adoption. À Ottawa, les célébrations se sont déroulées en français et en anglais, et comprenaient un défilé de chars allégoriques présentant des éléments bilingues et des prestations musicales mettant en vedette la diversité ethnoculturelle grandissante du Canada.
Le bilinguisme et le multiculturalisme officiels dont jouissent maintenant les Canadiens ont une origine commune : la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (1963-1969). Les commissaires pensaient que le bilinguisme et le multiculturalisme officiels pouvaient se renforcer mutuellement : « Un pays comme le Canada doit reconnaître la diversité dans l’unité, se montrer hospitalier et proscrire toute forme de discrimination », expliquaient les commissaires. « La présence au Canada d’un grand nombre de personnes de langue et de culture distinctes, en raison de leur naissance ou de leurs origines, constitue pour le pays une richesse d’une valeur inappréciable que les Canadiens ne doivent pas laisser perdre. » Les commissaires poursuivaient en affirmant que chaque Canadien devrait être invité à intégrer l’une ou l’autre des deux communautés de langue officielle, ou les deux, sans pour autant perdre « son identité, […] sa langue et […] sa culture d’origine »Note de bas de page 2.
Ces recommandations sont le fondement de la Loi sur les langues officielles de 1969 et de la Politique sur le multiculturalisme de 1971 – la première du genre dans le monde. Dix-huit ans plus tard, la nouvelle Loi sur les langues officielles et la Loi sur le multiculturalisme sont adoptées à une semaine d’intervalle. Ces deux textes de loi réaffirment « l’importance, parallèlement à l’affirmation du statut des langues officielles et à l’élargissement de leur usage, de maintenir et de valoriser l’usage des autres langues »Note de bas de page 3.
De nos jours, une forte majorité de Canadiens conviennent que, grâce à ses deux langues officielles, le Canada est un endroit plus accueillant pour les immigrants de cultures et d’horizons ethniques différents.